Bertrand Goldschmidt
1912 - 2002

Bertrand Goldschmidt, the last surviving French participant in the wartime development of nuclear energy, died in Paris June 11 2002 at age 89.   Goldschmidt directed his country's uranium and plutonium chemistry programs after the war, and at the end of a career spent at the Commissariat a l'Energie Atomique (CEA), culminating as director of international relations, was chairman of the IAEA board of governors in 1980.

A chemist by education, the young Goldschmidt was engaged before the last war by Marie Curie at her Radium Institute as a preparer.   He rose to become professor, but lost his position in 1940 under the collaborationist Vichy government which forbade Jews in teaching professions.

Goldschmidt enrolled in the Free French Forces in New York and became the only Frenchman to work on the Manhattan Project.   He worked with Glenn Seaborg on plutonium separation before being assigned, along with two other prominent French scientists, Hans Halban and Lew Kowarski, to the Anglo-Canadian nuclear development effort in Montreal.   There, Goldschmidt developed the basic solvent extraction process that is still the most widely used to reprocess spent nuclear fuel.   He also worked at the Chalk River Nuclear Laboratories, "a fascinating undertaking, the creation in pine and birch forests of a new town" ("The Atomic Adventure", B. Goldschmidt, 1964).

After the war, Goldschmidt became part of the small team that led the CEA's development of a nuclear energy and weapons capability, as director of chemistry.   In late 1949, his unit separated the first micrograms of French plutonium.

His wartime and post-war experiences-including the abrupt dismissal of the "Canadians" from the Anglo-American nuclear development work and the blackout of further information by a U.S. government that regarded French scientists as dangerously pro-Soviet-made Goldschmidt wary of what he liked to call "Anglo-Saxon" dictates in the world of nuclear diplomacy.   He wrote several books, including "Pioneers of the Atom" which told the story of the wartime effort, while "The Atomic Complex" recounted nuclear diplomatic relations to the early 1980s.   "The Atomic Adventure" told the international history of nuclear science and technology to 1964.

He was an accomplished story-teller and regaled audiences worldwide with tales of the founding of Eurodif, Carter-era standoffs between U.S. and Europe/Japan, the first western contract to purchase Soviet uranium enrichment services, and other seminal moments in the history of the nuclear industry.

by Ann MacLachlan, Paris, NUCLEONICS WEEK - June 20, 2002, with additional material.




This 1947 photo is from the book "The Nuclear Age" (Jacques Leclercq, 1986), and shows Bertrand Goldschmidt on the right, with (l to r) Jules Guéron, Francis Perrin, Jean Stohr, Raoul Dautry, Irène Curie, Frédéric Joliot and Lew Kowarski - "The Zoé team".   Zoé was France's first nuclear reactor, a copy of the ZEEP reactor (i.e. natural uranium and heavy water pool-type) built in Chalk River under the direction of Kowarski.



ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 15 juin 2002
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3382--280406-,00.html

Décès de Bertrand Goldschmidt, un des pionniers français de l'énergie atomique

Un des pionniers français de l'énergie atomique, Bertrand Goldschmidt, est mort mardi 11 juin à l'âge de 89 ans.

"S'il n'en reste qu'un, ce sera celui-là." Griffonnée au dos de la photo de famille qui réunissait, au lendemain de la dernière guerre, autour de Frédéric Joliot-Curie, les pères fondateurs du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), la petite phrase s'est révélée exacte.

Bertrand Goldschmidt - l'homme visé par la remarque - était bien l'ultime survivant des pionniers de "l'aventure atomique" française.   Une aventure qui avait débouché, le 13 février 1960, sur l'explosion, à Reggane, dans le désert algérien, de la première bombe H et, quelques années plus tard, sur le lancement d'un programme électro-nucléaire.

Bertrand Goldschmidt a été associé de très près à cette croisade gaullienne pour l'indépendance nationale.   Il en fut même l'un des principaux artisans dans le droit-fil d'une carrière tout entière consacrée à l'atome.   Elle commence en juin 1933 par un coup de chance.   Agé de 21 ans (il est né le 2 novembre 1912 à Paris), l'étudiant à l'Ecole de physique et de chimie Bertrand Goldschmidt est embauché comme préparateur par Marie Curie.   "Vous serez mon esclave pendant un an.   Ensuite, vous commencerez une thèse sous ma direction, à moins que je ne vous envoie vous spécialiser à l'étranger", lui lance la célèbre physicienne.   C'était compter sans le sort. Provoquée par les radiations, une leucémie emporte Marie Curie quelques mois plus tard.   Et les mesures raciales décidées par les nazis empêchent son assistant d'aller se perfectionner en Allemagne.

Survient la guerre. Bertrand Goldschmidt se retrouve affecté à Poitiers dans un laboratoire militaire.   Fait prisonnier par les Allemands, puis relâché sans explication, le jeune scientifique passe en zone libre, enseigne un temps à Montpellier, avant d'être révoqué en application du statut des juifs, et finit par partir pour New York où il débarque en mai 1941.

DE GAULLE A COMPRIS

Outre-Atlantique, il n'est pas en terre inconnue.   Un autre exilé, l'italien Enrico Fermi, Prix Nobel de physique, lui propose de rejoindre l'équipe de scientifiques qui, à l'université Columbia, travaille à la mise au point de la première pile atomique.   Proposition séduisante mais qui se heurte au veto du gouvernement américain. Washington ne veut pas de Français.   Ils l'auront pourtant.   En juillet 1942, Bertrand Goldschmidt se retrouve à l'université de Chicago, le "saint des saints" de la recherche atomique américaine.   "J'allais y passer les mois les plus passionnants de ma vie", racontera-t-il en évoquant cette période.   "Une atmosphère excellente régnait dans ce groupe de jeunes techniciens enthousiastes ; ils savaient que leur objectif était une bombe, qui, en cas de réussite, détiendrait un potentiel de destruction sans commune mesure avec les armes du passé."

La France, alors, est pratiquement hors jeu.   Pour qu'elle relance son effort nucléaire dès la fin de la guerre, sans attendre, Bertrand Goldschmidt et deux autres scientifiques, Pierre Auger et Jules Guéron, décident de prévenir le chef de la France libre de ce qui se trame outre-Atlantique.   Organisée le 11 juillet 1944 - un an avant Hiroshima - à l'occasion d'une visite du général de Gaulle à Ottawa, la rencontre, aux allures de conspiration (elle eut lieu dans les toilettes d'un hôtel !) n'excéda pas trois minutes.   Mais aussi brève fût-elle, le général avait saisi l'importance du message. "Merci, monsieur le Professeur, lâchera-t-il à l'adresse de Bertrand Goldschmidt.   J'ai très bien compris de quoi il s'agit."

De fait, le général de Gaulle n'oubliera pas la leçon.   Une ordonnance d'octobre 1945 crée le CEA, premier organisme civil du monde chargé de l'énergie nucléaire, et le dote d'une autonomie financière avantageuse.   C'est là que Bertrand Goldschmidt va poursuivre sa carrière.   Nommé directeur en 1946, il sera successivement chargé de la chimie, des relations extérieures et des programmes, puis des relations internationales du CEA (1970-1977).   Colauréat du prix Atomes pour la paix décerné aux Etats-Unis "à des savants qui ont contribué (...) à la compréhension de la puissance de l'atome et à son contrôle par l'homme", ce scientifique, auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation sur le nucléaire, devait terminer en 1980 sa carrière à un poste prestigieux : celui de président du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique de Vienne (AIEA), où il côtoiera un "placardisé" célèbre, Molotov, signataire du pacte germano-soviétique.

Jean-Pierre Tuquoi



Additional References on Bertrand Goldschmidt:

URANIUM'S SCIENTIFIC HISTORY 1789 - 1939 by B. Goldschmidt, at the Fourteenth International Symposium held by the Uranium Institute in London, September 1989

How it All Began in Canada - The Role of the French Scientists by B. Goldschmidt, at the Special Symposium 50 Years of Nuclear Fission in Review held by the Canadian Nuclear Society, June 1989


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